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Deux livres témoignants du rôle de mon grand oncle Louis Peretti dans la résistance

un article de Corse Matin sur « Des réseaux et des hommes » d'André Mastor
Je tiens à dire que Louis reprochait à son cousin Achille Peretti "Ajax" un comportement indigne envers les juifs pendant l'occupation,  être un grand résistant n'empêche ni l'antisémitisme ni la cupidité, bien sûr Achille étant le parrain politique de Nicolas Sarkozy...

Je joindrai dès que possible
d'autres infos.

Baldo
« Des réseaux et des hommes : Félix Orsini, Paris, 1er septembre 1940 »

André Mastor Editions Lettres Sud, 1994
http://www.albiana.fr/rub-andre-mastor_136.html

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« La Liberté nous aime encore »

de  Dominique et Jean-Toussaint Desanti Editions Odile Jacob
http://www.parutions.com/pages/1-6-83-2385.html


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Corse Matin lundi 11 avril 1994 page 6


CORSE ACTUALTES
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A l'heure de la "Liste de Schindier"
est a l'affiche dans les cinémas insulaires


Ce Corse

qui a sauvé des Juifs

    Des policiers résistants, il y en eut peu en France ; tous les historiens s'accordent là-dessus. Parmi  les exceptions, un corse, originaire de Santa Maria Poggio, Félix Orsini, fonctionnaire des Renseignement Généraux à Paris, qui entra dans la Résistance dés septembre 1940.
Socialiste et franc-maçon ce personnage, à l'humanisme fervent et au caractère bien trempé, fait l'objet d'une pertinente étude, "Des réseaux et des hommes", publiée par André Mastor à Lettresud.
Fidèle à ses idéaux, que tant d'autres piétinent alors, Félix Orsini dit non à l'antisémitisme de Vichy malgré le profil du service où il se retrouve, par hasard, affecté : celui du fichier central de juifs.



    En septembre 1940, la section de la Gestapo spécialisée dans la "question juive" est dirigée à Paris par l'Obersturmführer Theo Danneker, placé directement sous les ordres d'Adolf Eichmann. Dés son arrivée dans la capitale, Danneker s'attelle à constituer le tristement célèbre "fichier des Juifs", conformément à l'ordonnance allemande du 27 septembre, édictant le recensement de la population juive dans la zone occupée.

    Une vingtaine de policiers est affectée au service spécial crée pour mener à bien cette entreprise : parmi eux, Félix Orsini qui n'y restera pas longtemps. Avec Louis Peretti, son collègue et compagnon de résistance, ils sabotent autant qu'ils le peuvent le fichier, faisant disparaître certaines fiches, procédant à un mélange systématique des autres.

    Ils exhortent également, chacun de leur côté, les familles concernées à se soustraire au recensement, freinent les procédures d'expulsion pour les juifs étrangers, et fournissent de faux papiers aux malheureux promis à l'Extermination.

    Tous deux deviennent des membres actifs du réseau "Valmy", fondé par Arséne Ponsey, héros de 14-18, président des anciens combattants à la préfecture de police .


Une grave méprise

    Félix Orsini, chargé d'organiser le Résistance alors balbutiante au sein des R.G, va ainsi contacter un rédacteur affecté au service des Affaires Juives de la préfecture : Louis Peretti, un autre corse, originaire de Guitera, qui lui fournira de nombreux renseignements.

    Un fait qui mérite d'être souligné, car avant l'ouvrage d'André Mastor, le rôle de Louis Peretti n'avait pas été éclairci : un article de l'Expresse, publié il y a quelques années, mettait même en cause ce fonctionnaire.

    Pour André Mastor, il y a méprise. Et l'auteur de souligner que c'est précisément, sur les conseils de Peretti que Félix Orsini, averti par lui de la promulgation prochaine d'un statut des juifs - il sera édicté au début d'octobre 1940 - informent les milieux israélites de la nécessité de falsifier les registres de baptêmes.

    De nombreux curés n'hésitent pas à peêter leur concours à cette opération, malgré le silence honteux - qui devait tant marquer Orsini - des hautes autorités ecclésiastiques sur le drame vécu par les juifs.

    Une trentaine de familles juives vont alors être évacuées en zone libre, grâce à un... trafiquant de marché noir, surnommé "Nimbus", Orsini et ses quelques collègues, résistants "tenaient".





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Dénoncé à la Gestapo

    Pendant ce temps, jour après jour, le sabotage du fichier, qui recensera malgré tout 160.000 personnes, sur les 320.000 juifs résidant en France en 1940, continuait.
Mais le 5 septembre 1941 une lettre  anonyme dénonce Félix Orsini à la Gestapo. Theo Danneker ordonne au préfet de police, l'amiral Bord, de régler le cas du fonctionnaire incriminé. Le préfet écrit aussitôt une courte note à André Tulard, directeur du fichier juif (et père de l'historien Jean Tulard, spécialiste de l'épopée napoléonienne), réclamant "l'éloignement de Félix Orsini du service spécial juif". Ce dernier accepte avec immense soulagement et la sensation d'émerger d'un gouffre. "Je n'ai pas vu ici de belles choses propre à glorifier mo pays. Je n'oublierai jamais ces petit enfants juifs jouant à Romainville avec les chiens qui les gardaient"

Arreté par des policiers français

    Le 13 septembre 1941 Félix Orsini quitte donc le service spécial juif dont Danneker se félicitera du "redressement". Mais une enquête est diligentée par l'I6S sur son compte. Elle n'aboutira pas.
    En revanche, le 13 avril 1943, Félix Orsini est arrêté, ainsi que d'autres membres de son résau, par des policiers... français. et livré aux Allemends. Un fait qui souligne le caractère bien formel de l'accord Olberg-Bousquet du 29 juillet 1942, cité ç décharge par les défenseurs de Bousquet, et du gouvernement de Vichy qui voudraient y voir une limitation des attributions de la police allemande.

    Cet accord stipulait que les ressortissants français coupables de délits politiques devaient être jugés et condamnés selon la loi française par des tribunaux français. Or, les membres du réseau de Félix Orsini, arrêtés après cet accord; ont bien été remis, immédiatement, entre les mains de la Gestapo....

    Incarcéré à la prison du Cherche-Midi, Félix Orsini sera libéré quelques mois plus tard. Durant sa détention, sa femme Rose put Compter sur le soutien actif de deux famille juives aux quelles il avait procuré des faux papiers, Les Levy et les Hauer.

    A sa liberation, Félix Orsini constitua, avec les rescapés des premiers grands coups de filet, un nouveau réseau plus structuré, alors que la Résistance commençait à s'organiser vraiment. Mais ceci est une autre histoire, sur laquelle Paul Silvani reviendra sous peu dans nos colonnes.

Des Pages Obscures de la Résistance

    Construit à partir de témoignages inédits - dont plusieurs de premier main - et de document d'archives peu connus, l'ouvrage d'André Mastor permet de pénétrer au cœur des deux réseaux auxquels a appartenu successivement Félix Orsini, l'Armée Volontaire et le N.A.P (Noyautage des administrations publiques). Il lève le voile sur quelques pages obscures de la Résistance.

    Il permet surtout de suivre le parcours tumultueux et exemplaire d'un homme de bien corse, petit muletier devenu humble fonctionnaire qui refusa l'Ordre nazi accepté les yeux fermé par tant de ses collègues.

Jackie LUCCHINI




 
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Félix Orsini
dans le mémorial des justes ?


    A Jérusalem depuis 1962, le Mémorial  de Yad Vashem honare ceux qui ont sauvé des juifs, durant les années terribles de la Shoah. Suivant les dispositions d'une loi votée par la Knesset en 1953, une commission composée d'historiens et de juristes, leur attribue la médaille des "Justes des Nations", selon l'expression du Talmud.

    Pour retrouver ces hommes et ces femmes de bien, un réseau de correspondants collecte dans les pays qui furent occupés par las Nazis témoignages et informations.

    Une fois son dossier établi, chaque juste voit son nom gravé sur un arbre - pin, cyprés ou acacia - ou depuis peu sur le site qui compte 4000 arbres, L'un d'eux porte le nom d'Oskar Schindler, le héros du film de Spielberg.
    Prés de 6000 Justes ont été recensés jusqu'à aujourd'hui, dont 1.107 en France, où 76.000 juifs, avec les 320.000 que comptait le pays, ont été déportés.
   

   
Le nom de Félix Orsini devrait incontestablement figurer à Yad Vashem. Parce qu'il le mérite. Et parce qu'à l'heure où les derniers témoins directs disparaissent, à l'heure du Révisionnisme, et au moment où le vent mauvais du racisme souffle sur la Corse, il serait important, pour nos jeunes générations, de voir un insulaire entrer dans ce Mémorial. Même sis ce genre d'opération ne doit pas, au contraire, occulter les drames plus récents que la Shoah, comme celui des Palestiniens par exemple.

André Mastor, l'auteur du livre sur Félix Orsini, et la famille de ce dernier, pourraient tout-à-fait légitimement tenter une demande officielle pour que ce "Juste" ait sa place à Yad Vashem. Si cette demande était appuyée, elle aboutirait certainement,  même si les responsable du Mémorial préfèrent s'intéresser aux personnes encore en vie, ce qui semble amoindrir les chance de Félix Orsini décédé en 1984.

En attendant, à défaut d'entrer à Yad Vashem, le nom de ce dernier reste gravé dans le cœur de tous ceux qu'il a sauvés. Pour les familles Benny, Levy, Hauer, Steiner, et bien d'autres, Félix Orsini est un juste : le souvenir qu'ils en gardent vaut toutes les récompenses.

J.L.
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http://www.parutions.com/pages/1-6-83-2385.html